Benjamin Voisin: “O trabalho não pertence ao seu autor: a partir do momento em que é feito, pertence ao público” #ÚltimasNotícias #França

Benjamin Voisin a été césarisé pour Illusions perdues de Xavier Giannoli. On l’a vu dans Été 85 d’Ozon. Il est aujourd’hui un des acteurs les plus doués de sa génération. Il explose au cinéma, est très demandé, et pourtant, il décide d’aller au théâtre. Il pense sa carrière sur du long terme. Il la voit comme un marathon, entre des projets grands publics et des projets plus exigeants, comme cette pièce. Il a refusé d’être l’égérie de plusieurs marques de mode qui lui ont proposé.

“C’est énorme la vie quand même, on se perd partout”. C’est ainsi que se termine Guerre, le texte inédit de Céline qu’il interprète en ce moment au Théâtre de l’œuvre. C’est une des raisons pour lesquelles Benjamin Voisin a travaillé ce texte : “Il y a une vingtaine de phrases dans le texte qui me subjuguent.”

Guerre, c’est donc ce roman de Céline qui est très largement autobiographique. Il a une histoire incroyable, puisqu’il a été retrouvé en 2021 et a été publié l’année dernière chez Gallimard. Il a connu immédiatement un gros succès de librairie. Quand il est sorti, Benjamin Voisin l’a tout de suite acheté, avant même de savoir qu’il allait l’interpréter au théâtre.

Première adaptation au théâtre de ce texte de Céline, “Guerre”

Pour la première fois, depuis qu’il a été retrouvé, ce texte est adapté au théâtre. Benjamin Voisin l’a joué à Avignon, et le joue actuellement au Théâtre de l’œuvre jusqu’au 2 mars. Pendant une heure trente, il est seul en scène, et joue plusieurs personnages. La critique est dithyrambique. Elle souligne son intensité, sa présence.

C’est l’histoire de Ferdinand, grièvement blessé à la guerre, durant la Première Guerre mondiale, et de sa convalescence ensuite où il revient à la vie dans un petit village où il est soigné et où il va tout réapprendre, la vie, le plaisir, l’amitié, l’amour, le sexe aussi. Il y a tout dans ce texte et Benjamin Voisin s’en réjouit : “C’est quand même un cadeau magnifique d’avoir tout à jouer.”

Ce qu’il trouve le plus beau, c’est le mélange de l’écriture, c’est-à-dire qu’il y a une cruauté folle qui rend le public très complice, parce que c’est viscéral d’entendre des choses aussi violentes. Et en même temps, il y a de la poésie, à certains endroits. Benjamin Voisin : “Pour moi, le plus beau dans le spectacle, c’est quand on a des silences dans la salle où je sens qu’on rentre vraiment dans le cerveau et dans le cœur des gens. Là, on n’est plus au théâtre, il n’y a plus moi, il n’y a que le texte.” Benjamin Voisin ne pense pas connaître un auteur plus à propos pour parler de la guerre, des obus, des bruits incessants, du brouillard, de l’incapacité de bouger que Céline.

Il est aussi question de sexualité dans ce texte. Benjamin Voisin joue des femmes et des hommes entre 18 et 19 ans. Il raconte : “Avoir l’occasion de travailler huit personnages sur une scène de théâtre, aller toucher un peu leur intimité et les faire parler entre eux, c’est dingue. Il y a même une scène où je les fais baiser entre eux, c’est-à-dire que j’incarne trois personnages dans un bordel, dans une partouze.”

Jouer du Céline, selon Benjamin Voisin

Comment jouer cet auteur qui est tellement puissant et cet homme qui a été tellement, comme Benjamin Voisin le dit lui-même, “une merde” ? Il a découvert Céline à 15 ans, 16 ans et ça a été un éblouissement : “Il faisait partie de ces auteurs-là où je me suis dit, en tant qu’acteur, c’est une ressource géniale. En travaillant ça, je pense qu’après on peut tout jouer. Dans le sens où la phrase est tellement complexe que pour ne pas l’aplatir et pour essayer de trouver l’émotion avec laquelle Céline a écrit la phrase, ça prend des heures et des heures et des heures. Et je me suis dit : ça, ça va m’intéresser. Et ça a été déjà une telle déception de se dire que le type que j’aime énormément, ce n’est pas du tout un héros. Ce n’est même pas un bon gars. Donc je ne veux pas qu’il ait ça, qu’en plus de ça, il m’interdise son génie. Pour moi, on ne peut pas me priver des deux choses. (…) Donc l’œuvre, ça ne lui appartient plus.”

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